LECOLE Pauline
Les petites exploitations agricoles françaises

Thèse sous la direction de Sophie Thoyer (Montpellier Supagro), UMR Lameta

Dans les années 60, les politiques publiques ont cherché à faire diminuer drastiquement le nombre de petites exploitations agricoles. Et pourtant, elles sont toujours présentes dans le paysage agricole européen et français, et gagnent ces dernières années en reconnaissance.

La persistance des petites EA questionne : ces EA ont-elles développé des stratégies économiques qui les rendent résilientes ? Au contraire, existe-t-il un renouvellement constant de la population des petites EA alimentée sans cesse par de jeunes exploitants qui s’installent et vont s’agrandir ; et par des exploitants qui réduisent progressivement leur activité au moment de la retraite et viennent ainsi gonfler les effectifs des petites exploitations ? Ou bien, rencontre-t-on parmi les petites exploitations des structures qui ont trouvé un équilibre économique de long terme et peuvent se maintenir sans avoir besoin de s’agrandir. Enfin, se pose la question de l’importance numérique au sein des petites EA des exploitants qui ne sont pas guidés par la recherche de revenu et pratiquent l’agriculture pour le plaisir.

Les objectifs de la thèse sont les suivants :

Caractériser l’ensemble des petites exploitations agricoles de la France métropolitaine et tenter d’expliquer leur persistance et étudier leurs stratégies de maintien et de développement ;

Evaluer les contributions environnementales, sociales et économiques des petites exploitations agricoles françaises. L’idée est de voir s’il existe des justifications de soutiens publics spécifiques pour compenser leurs contraintes et rémunérer leurs contributions ;

Etudier les soutiens que la Politique Agricole Commune (PAC) offre aux petites EA, de façon ciblée ou non. A priori la PAC leur est peu favorable dans la distribution des aides agricoles à l’hectare. Nous cherchons à voir comment mieux adapter les aides de la PAC aux petites exploitations agricoles.

Dans notre travail, les petites exploitations agricoles sont identifiées comme les exploitations ayant une production brute standard de moins de 25000 €. En 2010, le recensement agricole en comptabilise près de 178 000 soit plus de 36% des exploitations agricoles de la métropole française.


Le premier chapitre de la thèse dresse un tableau statistique des petites exploitations agricoles et les compare aux moyennes et grandes exploitations. Il montre que les petites exploitations sont dirigées par des exploitants en général peu formés et âgés, qui passent en moyenne, un mi-temps sur l’exploitation et ont peu de main d’œuvre supplémentaire. Dans le second chapitre on réalise une typologie d’après une méthode de classification mixte. Celle-ci permet de regrouper les petites exploitations agricoles en cinq grands groupes et d’en déduire des stratégies potentielles développées par ces exploitations. Elles sont confirmées en partie, par l’étude des trajectoires de petites exploitations à partir de l’appariement partiel des recensements agricoles de 2000 et 2010. On montre que se côtoient au sein des petites exploitations agricoles des exploitants proches de la cessation d’activités, des exploitants en phase d’installation ainsi que des exploitants pour qui être petit n’est pas transitoire. L’analyse statistique est complétée dans le troisième chapitre par des enquêtes de terrain. La première est réalisée en zone défavorisée dans les Baronnies des Pyrénées, la seconde dans le périurbain de Montpellier. On s’appuie sur les résultats de ces enquêtes, croisés aux données statistiques du recensement agricole de 2010 pour évaluer les contributions environnementales, sociales et économiques des petites exploitations agricoles. Le quatrième chapitre est centré sur la Politique Agricole Commune. Avec l’élargissement de l’UE, les petites exploitations agricoles ont trouvé une place dans le discours politique. On revient sur l’adaptation des aides de la PAC 2014-2020 aux petites exploitations agricoles. Nous étudions l’intérêt d’un dispositif de simplification passant par une aide forfaitaire inconditionnelle, des politiques d’incitation à la création d’emploi dans les petites exploitations agricoles, et des mesures pour faciliter les installations tardives et l’accès au foncier.


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pauline.lecole@supagro.fr

LE COENT Philippe
Contrats agro-environnementaux : approches comportementales et dispositifs innovants
Thèse de l'Université de Montpellier

Thèse sous la direction de Sophie Thoyer (Montpellier Supagro) et de Raphaële Preget (Inra), UMR Lameta

The agri-environmental policy of the European Union strongly relies on financial incentives, provided through Agri-envrionmental Schemes (AESs). AESs are voluntary contracts between farmers and the State in which farmers commit to respect technical requirements, mainly in terms of agricultural practices, in exchange of a payment. In 2007-2013, AES amounted to 20 billion Euros (including cofunding from EU countries) or 22% of the rural development budget. This policy instrument relies on the widespread assumption that farmers act as standard economic agents and are willing to change their agricultural practices if they get in return a compensatory amount sufficient to cover compliance costs. . Evaluations of AES programmes have however shown that participation rates are disappointedly low, especially in areas of intensive farming where environmental improvement is most needed (Solagro, 2013; Kuhfuss et al., 2013; Dobbs and Pretty, 2008). In practice, it is observed that some farmers are extremely reluctant to switch to new farming practices even when the payment level is well above additional costs and income foregone (Kuhfuss et al., 2014). Others, on the contrary, join the AES even if they are not fully compensated for their costs. What are the reasons for such discrepancy between expected and actual behavior? Could the effectiveness and efficiency of AES be improved by understanding these reasons?


Behavioral economics considers that human behaviors often deviates from the prediction of the rational choice theory and that these deviations, that we will hereafter call behavioral factors, may be systematic (Shogren and Taylor, 2008). Behavioral economics are increasingly mobilized in the policy arena. For example, Barack Obama published an executive Order in September 2015 called “Using Behavioral Science Insights to Better Serve the American People” that strongly encourages the US administration to use behavioral economics in policy design and implementation. It is being used both to explain people’s behavior and to design interventions that facilitate behavior change. One of the most popular forms of intervention recommended in this approach are the “nudges” popularized by Thaler and Sunstein (2008). Many nudges have been tested on environmental issues, especially in the field of energy consumption (Schubert, 2016). Despite this increasing popularity in public policy, behavioral economics and nudges have yet not been much used in agri-environmental policies.

The purpose of this thesis is to address the two following questions:

  • What is the role of behavioral factors in the adoption of agri-environmental schemes?
  • How can agri-environmental schemes be modified, based on the role of these behavioral factors, to improve the performance of agri-environmental policies?

Addressing this issue is fundamental to improve the effectiveness of AESs mainly by improving farmers’ participation. In addition, it opens the possibility to implement low-cost alternative (or complementary) interventions, such as “green nudges”.

The thesis is organized in three chapters. The first chapter aims at quantifying the impact of behavioral factors on the adoption of agri-environmental contracts. We first use a model stemming from the social-psychology literature, the Theory of Planned Behavior (Ajzen, 1991). It enables us to measure the weight of behavioral factors in farmers’ decisions to enroll in a pesticide-reduction AES in a wine cooperative of the South of France. We complete this study with an online survey with wine producers of the Languedoc Roussillon, focusing on the role of social norms in the adoption of AES. In chapters 2 and 3, we investigate innovative designs of AESs that may harness the role of behavioral factors. Chapter 2 presents an experimental economics study aimed at testing a contract in which payment is conditioned to the collective attainment of the threshold of a public good. We determine whether this form of contract, that shifts the risk of a lack of coordination onto players, encourages or discourages participation. This innovative design may have direct implications to improve AESs. Chapter 3 presents an analysis of another type of contracts: biodiversity offset contracts. These contracts are very similar to AES but i) they are implemented by the private sector instead of the State and ii) their aim is to compensate the biodiversity losses generated by the construction of an infrastructure instead of conserving existing biodiversity. Based on a survey, we first analyze factors that influence the participation in such contracts as well as issues related to their effectiveness and efficiency. In a second step, we carry out a choice experiment in order to assess whether the way the purpose of these contracts is framed, compensation of biodiversity losses rather than biodiversity conservation, affects farmers’ participation


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